Dinard – Plage de l’Ecluse – 31 décembre 2015
46ème édition du dernier bain de l’année !
La Grande Marée … Humaine
Marie-Christine Ollivrin, Martine Craveia-Schütz, Maire de Dinard,
Eric Garnier,adjoint aux sports, Annick Ollivrin, adjointe à la Culture, Daniel Gallé, conseiller municipal
« même pas froid » le ton est donné, Bonne Humeur de rigueur
StarWars – la Force est avec eux, excellent échauffement
Claude Corbel, directeur de la piscine de Dinard et les Méduses de l’Ecluse, costume original !
La Parade est lancée – échauffement indispensable avant le Bain
La mode des bains de mer, introduite en France à la fin du XVIIIe siècle,suscite
un engouement bien naturel pour la Bretagne où les premiers établissements de bains apparaissent vers 1830
« Début du XXe siècle, dans ce court moment de notre histoire que l’on appelle « La Belle Époque »
avec de considérables guillemets, la vogue des bains de mer équilibrait son origine médicale lointaine avec sa composante touristique naissante » – Pierre-Emmanuel Main – H2o Association
Pendant des siècles, les bords de mer ne furent que le domaine réservé des pêcheurs, des gabelous, et des pilleurs d’épaves. Nul n’aurait eu l’idée saugrenue de s’allonger sur une plage pour se plonger ensuite dans l’élément liquide en perpétuel mouvement.
Si la pratique du bain, individuelle en baignoire ou collective en piscine, remontait à la plus haute antiquité, celle des bains de mer était très récente.
Inaugurée dans divers établissements côtiers à l’aide de baignoires que l’on remplissait d’eau puisée sur le rivage, elle allait faire place à une pratique plus directe : le bain dit « à la lame »
L‘initiative des bains de mer revenait à l’Angleterre, toujours en avance d’une révolution, d’une technique ou d’une mesure d’hygiène corporelle. Dès le début du XIXe siècle, la station de Brighton brille de tous ses feux on peut y prendre des bains, dans des baignoires remplies d’eau de mer, réchauffée ou non, au sein d’établissements luxueux, ou du moins confortables
La mode des bains de mer naît en Angleterre à la fin du XVIIe siècle à une époque où la baignade sur prescription médicale se développe comme une opération commerciale.
Elle prend son essor au XVIIIe siècle le long des littoraux anglais et gallois, en même temps que la révolution industrielle qui favorise l’intensification des loisirs et des voyages, les classes aisées effectuant des migrations saisonnières vers la côte et la mer qui n’est plus redoutée mais désormais vue comme attrayante et excitante
En 1753, le docteur Charles Russel publie Les effets des bains de mer sur les glandes, conseillant de boire l’eau de mer et s‘y baigner pour des raisons médicales mais aussi religieuses.
Il raisonnait ainsi : Dieu est bon mais a créé le mal, les maladies, il a donc dû placé dans la nature le remède au mal. Le plus grand réservoir des forces naturelles étant la mer, celle-ci doit être le plus puissant des remèdes.
Cette pratique est popularisée par l’ouvrage Médecine domestique du médecin William Buchan publié en 1789. Convaincu par cette théorie, le prince de Galles se rend à Brighton en 1783 pour soutenir l’ouverture du premier établissement de bains dans l’histoire.
Les médecins français reprennent l’idée et dès 1769, Maret publie son « mémoire sur la manière d’agir des bains de mer et leurs usages vivifiants » contre les rhumatismes notamment
A Chacun son rythme à Chacun son Style
La vogue des bains de mer à but thérapeutique atteint la France à la fin du XVIIIe : en 1785, Cléry de Bécourt fonde à Boulogne-sur-Mer le plus ancien établissement français de bains de mer chauds.
En 1812, M. de Paris fonde un petit établissement de bains à Dieppe, transformé dans les années 1820 en un nouvel établissement luxueux où la Duchesse du Berry lance la vogue des bains par ses séjours tous les étés, de 1824 à 1829. Le Croisic est la première station balnéaire de la presqu’île guérandaise. Elle accueille dès 1819 ses premiers visiteurs, attirés par les possibilités de balnéothérapie, d’abord sur sa plage Saint-Goustan, puis celle de Port Lin.
En 1827, La Rochelle lance à sont tour son chantier, puis Cherbourg en 1829. La plage Valentin de Batz-sur-Mer se dote en 1845 d’un établissement d’hydrothérapie
A Dinard, l’établissement de bains d’Edouard Gros, maître nageur de Saint-Malo, est fondé en 1859.
C’est un édifice rudimentaire, qualifié de « cabane fixe » équipé d’un fourneau et de quelques cabines roulantes tractées par des chevaux
Les estivants peuvent également consulter les « guides baigneurs » qui classifient les plages et les divisent
en zones à l’usage codifié – zones de baignade des hommes et des femmes, zones de jeux ou de distractions mondaines…
Ainsi, à Dinard en 1866, la plage de l’Écluse est la plage de l’aristocratie, avec le luxe de ses constructions
et les activités incessantes de sa clientèle fortunée.
A contrario, la plage du Prieuré, est décrite comme plus modeste et familiale
Dans une station balnéaire, l’ouverture d’un établissement de bains participe donc au processus d’appropriation du rivage défini par des usages thérapeutiques et récréatifs. L’établissement de bain construit sur la plage est à ce titre souvent associé à un casino.
La mode du bain deviendra peu à peu une véritable pratique sociale au détriment de sa fonction thérapeutique première.
Tout au long du XIXe siècle, on assiste à une lente mais durable redécouverte des bienfaits de l’eau et de l’air.
Les bains, sous leurs différentes modalités, reçurent un appui important des médecins hygiénistes
Dans son « Manuel des Bains de mer », publié en 1825 et dédié à la duchesse de Berry,
le Dr Albert Assegond les juge efficaces dans le traitement des névroses, de l’hypocondrie et du rachitisme.
Comme il s’agit de bains froids – température de l’eau inférieure à 20 °C, leur tonicité les recommande particulièrement aux jeunes filles anémiées ou apathiques. Les médecins Buchez et Trelat, dans leur « Précis d’Hygiène », paru la même année, y sont également favorables. Les bains de mer seront donc régulièrement évoqués dans les manuels, tout au long du siècle, mais avec des réserves
Tout d’abord, la température de l’eau de mer n’étant pas maîtrisable, nombreux sont les praticiens qui donnent la préférence aux sources thermales,en plein essor au Second Empire.
Ensuite, le bain est loin d’être une pratique répandue, le professeur Jean-Paul Langlois, dans l’édition de 1904 de son Précis d’Hygiène Publique et Privée, précise :
« À Paris, la statistique donne comme moyenne deux à trois bains par an et par habitant »
La Ville de Dinard a « enfin » retrouvé son Drapeau et mis au placard ce ridicule morceau de tissu né de l’imagination délirante de la précédente municipalité en quête de royauté …
l’ours « couronné » évoquerait l’étymologie du nom breton de la ville, Dinarzh qui signifierait « le fort de l’ours », les bandes bleues et blanches rappelleraient les couleurs des rayures des tentes de plage de Dinard, mais également les Drapeaux des Déportés !
Les bains de mer ne conviennent pas à tout le monde : le profil type reste un tempérament anémique, lymphatique ou bien hypocondriaque.
Et encore ! Les avis sont partagés sur les effets stimulants ou sédatifs. Selon le praticien, une jeune « mélancolique » ira ou n’ira pas se baigner, et se verra prescrire soit la Manche, soit la Méditerranée
Des bains très codifiés – L’usage curatif des bains de mer est attesté dès le XIVe siècle
Des personnes mordues par une bête enragée reçoivent comme médication sur la plaie une cautérisation au fer rouge puis sont envoyées faire un bain de mer
Qui dit médicament, dit posologie. Tout d’abord, sont écartés du bain les moins de dix ans et les plus de cinquante ans car trop fragiles.
Ensuite, les bains se pratiquent « en saison », c’est à dire de la mi-juin à la mi-septembre.
On ne se baigne qu’une fois par jour, aux heures chaudes, entre neuf heures et midi, ou entre trois et cinq heures. L’espace du bain, qui n’est pas immense, est délimité par des cordages tendus. On doit entrer dans l’eau rapidement, et y demeurer de cinq à quinze minutes,pas plus, et en mouvement, sous la surveillance ou avec l’assistance du guide-baigneur
Le bain est un spectacle. Les baigneuses exposent des costumes très enveloppants, constitués d’une tunique à manches, peu décolletée, d’un jupon court,d’un pantalon à mi-mollets, d’un chapeau-bonnet assorti et de sandales. Cela laisse peu de place aux coups de soleil, plutôt mal vus, mais vaut le coup d’œil.
Les spectateurs, sur la plage ou sur les planches, sont loin d’être débraillés.
Pour eux aussi, le costume « ville d’eau » reste un costume de ville. La chair ne s’expose pas
Les femmes, en maillots six pièces, se changent à cette époque dans des cabines installées sur des charrettes tirées par des chevaux.
Ces charrettes les amènent directement dans l’eau jusqu’à deux mètres de profondeur où elles descendent par des escaliers, soutenues par des « guides-jurés » sortes de maître-nageurs en maillot une pièce assermentés pour ne pas attenter à leur pudeur et surveillées par des censeurs. Ces guides plongent à plusieurs reprises les femmes de manière subite et de courte durée, le « bain à la lame »
Avec le développement des transports ferroviaires puis automobiles,
la mode des bains de mer se développe ensuite à la fin du 19e siècle
Parallèlement, la plage cesse progressivement d’être un espace médical
pour devenir un lieu de sociabilité et de distractions
Les stations balnéaires implantant des casinos pour occuper les soirées de leur clientèle aristocratique. Cette tendance des bains de mer, renforcée tout au long du xxe siècle notamment grâce à l’apparition des congés payés, encourage la création de stations balnéaires sur la côte Atlantique, Biarritz,
et en Manche Le Touquet-Paris-Plage ou Dinard
rassemblement près de la digue de la Plage de l’Ecluse à l’issue de la « Parade » et derniers échauffements
les « Méduses de la Mer » organisent une farandole
Plus de 1 700 baigneurs et certainement autant, sinon plus, de spectateurs
Claude Corbel, directeur de la piscine, parvient, avec difficulté, à retenir les plus téméraires
Le Top Départ est donné … c’est une véritable Marée Humaine qui se dirige vers les flots
Ce n’est pas une petite trempette rapide mais un vrai bain
pour les plus téméraires, il convient de rejoindre le Père Noël qui se trouve sur un zodiac
puis recevoir de ses mains une friandise
A Dinard un 31 décembre, du Jamais Vu ! La Ville retrouve sa Splendeur
Sources :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bain_de_mer
http://www.h2o.net/magazine/culture-histoire/les-bains-de-mer.htm
http://www.ville-dinard.fr/module-Contenus-viewpub-tid-2-pid-12.html
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